Le Groupe IBL clôture ses comptes de l’année financière 2019/20 avec des revenus de Rs 36,8 milliards. Ce résultat représente une baisse de 6 % par rapport à l’année dernière. La pandémie du COVID-19 aura certainement modifié les ambitions du premier conglomérat de Maurice. Arnaud Lagesse, le Group CEO d’IBL, a présenté ces chiffres, ainsi que les résultats du premier trimestre de l’exercice 2020-21 lors d’une rencontre avec les analystes qui s’est tenue ce jeudi 3 décembre à IBL House, au Caudan Waterfront, Port Louis.
Comme toute l’île Maurice et le monde en général, IBL Ltd a connu une année financière 2019-20 particulière. Après avoir opéré dans des conditions relativement normales pendant huit mois et demi, les marchés ont connu des bouleversements causés par le COVID-19 qui a conduit au confinement à Maurice et ailleurs.
La propagation du virus a affecté les marchés des clients et fournisseurs d’IBL et, par conséquent, ses résultats financiers. Ayant été les plus durement touchés, les clusters Hospitality, Building & Engineering, Property et Logistics pourraient prendre plus de temps pour retrouver les niveaux d’activité pré-COVID-19.
Arnaud Lagesse a présenté les chiffres d’IBL Ltd pour l’exercice 2019-20 et pour le premier trimestre 2020-21 lors d’une rencontre avec les analystes le jeudi 3 décembre à IBL House. Avant la partie financière, le Group CEO a salué le travail remarquable que chaque entreprise du groupe, identifiée comme service essentiel, a accompli pour servir la population mauricienne pendant les 72 jours du confinement.
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Dans le contexte de la pandémie, le chiffre d’affaires du Groupe IBL a baissé de 6% à Rs 36,8 milliards pour l’exercice 2019-20 (Rs 39,1 milliards en 2019). Cette baisse contraste avec une tendance à la hausse de 5% que le groupe avait enregistrée au premier semestre. Ainsi, le confinement imposé au quatrième trimestre a affecté son chiffre d’affaires annuel d’environ 10%. Le bénéfice d’exploitation s’élève à Rs 453 millions (Rs 2,2 milliards en 2019) mais le groupe se retrouve avec une perte avant impôts de Rs 1,2 milliards (bénéfice avant impôts de Rs 1,7 milliards en 2019) en prenant en compte les différentes provisions et des réductions de valeur découlant de l’impact du COVID-19.
Pour les trois premiers mois clos le 30 septembre 2020 (1T2021), les revenus du Groupe IBL ont baissé de 9% à Rs 8,7 milliards (Rs 9,5 milliards pour 1T2020). Le bénéfice déclaré avant impôts a diminué de 90% par rapport à l’année dernière. Cependant, grâce à sa stratégie de diversification, le groupe pourra amortir les conséquences du COVID-19. Le résultat global reflète l’impact sur les activités gravement touchées par la pandémie, à savoir l’hôtellerie, l’immobilier et l’aviation. Néanmoins, le reste des activités, moins touchées, ont enregistré une hausse de 4% du chiffre d’affaires et 25% du bénéfice d’exploitation sur ce premier trimestre 2020-21. Ainsi, alors que la rentabilité a chuté, le Groupe IBL a les moyens pour traverser la crise jusqu’à ce qu’une « nouvelle normalité » soit atteinte.
« Pour le premier trimestre de l’exercice 2020-21 (1T2021), la majorité des entreprises du Groupe IBL enregistrent des performances honorables en dépit du contexte difficile. En effet, elles se sont partiellement remises après le confinement. Toutefois, nos activités dans l’hôtellerie, l’immobilier et l’aviation continuent de subir de plein fouet l’impact de la fermeture des frontières », a déclaré Arnaud Lagesse.
Résultats globaux de chaque secteur :
Building & Engineering
La plupart des activités de ce secteur ayant été interrompues pendant le confinement et l’interdiction de voyager, les principales entreprises du cluster (CNOI, UBP et Manser Saxon Group) ont enregistré une baisse de leur chiffre d’affaires et de leur rentabilité sur l’année 2019-20.
Le secteur a connu un redressement de certaines activités pendant 1T2021, résultant de la fermeture de ses activités à Dubaï et de l’achèvement de contrats entamés avant le confinement. Cependant, CNOI a connu une baisse d’activités sur cette période due au maintien des restrictions de voyage à destination et en provenance de Maurice.
Commercial & Distribution
Ce cluster a été très actif pendant la crise avec de nombreuses entreprises identifiées comme « service essentiel », à l’instar des supermarchés Winner’s, des pharmacies MedActiv et des distributeurs BrandActiv et HealthActiv. Si le secteur a enregistré une augmentation de son chiffre d’affaires, son résultat opérationnel est inférieur à celui de l’an dernier en partie en raison des coûts d’exploitation plus élevés et d’un changement de comportement d’achat pendant le confinement. PhoenixBev a été doublement pénalisée : d’abord par les contraintes de production, de vente et de distribution pendant les 72 jours de confinement, mais aussi par le fait que la plupart des clients de l’hôtellerie et la restauration étaient fermés pour le reste de l’exercice.
Au 1T2021, le secteur a enregistré des résultats relativement positifs en partie grâce à une meilleure performance de Winner’s, malgré un changement des modes de consommation : les consommateurs achètent moins qu’avant le confinement et privilégient des produits de base à plus faible marge. De plus, les prix des produits importés ont augmenté à la suite de la dépréciation de la roupie. Toutefois, ce secteur pourrait être l’un des moins touchés.
Financial Services
Au cours de l’exercice 2019-2020, Eagle Insurance a enregistré des revenus plus élevés et a réduit ses pertes grâce à un meilleur « taux de réclamation » (claim ratios). DTOS a bénéficié d’un taux favorable du dollar et a maintenu ses résultats. L’entreprise de private equity, The Bee, a souffert d’une baisse de valorisation de son portefeuille. AfrAsia Bank a publié des résultats légèrement inférieurs à ceux de l’an dernier en raison d’un provisionnement plus élevé sur son portefeuille de débiteurs.
Même si le COVID-19 et l’inclusion de Maurice sur la liste noire de l’UE affectent toujours ce secteur, ses entreprises enregistrent des résultats satisfaisants au 1T2021. Eagle Insurance a maintenu son « taux de réclamation » faible pour améliorer ses résultats. AfrAsia Bank a affiché des résultats trimestriels inférieurs à ceux de l’année dernière en raison d’un revenu net inférieur lié à la baisse des taux d’intérêt.
Hospitality & Services
Les activités hôtelières étaient en bonne voie pour d’excellentes performances en 2019-20, mais elles ont été impactées par les annulations de réservation dès que l’Europe a enregistré des taux élevés d’infection au COVID-19. La plupart des pays émetteurs sont entrés en confinement dès mars 2020 et nos frontières ont été closes. Les hôtels ont donc fermé pour le reste de l’exercice et certains le sont encore. Les établissements de La Réunion et des Maldives ont rouvert en juillet et août et trois hôtels de Maurice ont rouvert pour les résidents locaux uniquement. Le cluster enregistre une baisse de 23% de son chiffre d’affaires sur l’année 2019-20 et une baisse de 76% de son résultat opérationnel.
Au 1T2021, les offres aux Mauriciens et résidents ne permettent pas de compenser la perte causée par l’absence de touristes. IBL prévoit que les performances resteront sous d’énormes pressions tant que les frontières restent fermées, que le COVID-19 persiste sur les marchés clés, que les incertitudes pèsent sur Air Mauritius et qu’un vaccin n’est pas disponible. D’autre part, alors que The Lux Collective (TLC) est toujours en train de restructurer son bilan, les améliorations en Chine et aux Maldives et la stabilité du taux d’occupation à La Réunion sont des signes encourageants pour ses opérations à l’étranger.
Life & Technologies
CIDP avait dû stopper les tests dans ses laboratoires de Maurice et à l’étranger en raison du confinement et des exigences de distanciation sociale. L’entreprise a lancé des initiatives de réduction des coûts pour atténuer l’impact d’une activité réduite. Néanmoins, IBL considère que ce cluster présente des perspectives de développement à long terme au niveau local et en Afrique.
Logistics
Dans ce secteur, c’est l’aviation qui a été plus touchée à cause de la fermeture des frontières et d’une industrie du tourisme à l’arrêt. Même si les volumes de transport intérieur et de fret international ont considérablement diminué pendant le confinement, le transport maritime a enregistré de meilleurs résultats avec l’ajout d’un nouveau navire à la flotte durant l’année.
Au 1T2021, l’aviation est toujours fortement impactée à cause de l’ouverture restreinte des frontières. La baisse des volumes de fret affecte Somatrans et les services de transport terrestre ont été affectés par l’arrêt des activités de transport hôtelier et un ralentissement général des autres activités.
Seafood
Malgré la fermeture des usines pendant le confinement, les résultats des entreprises du cluster ont été relativement stables en 2019-20 par rapport au précédent exercice. Beaucoup de leurs produits sont considérés comme des produits de base et les exportateurs ont bénéficié de taux de change favorables. Le secteur Seafood s’est montré résilient et a su rebondir rapidement après la sortie du confinement.
Au 1T2021, le secteur a généré de meilleurs résultats grâce aux bonnes performances de Biotechnology Products à Maurice et en Côte d’Ivoire. Cependant, la surpêche dans l’océan Indien représente un problème de durabilité pour IBL Seafood et ses partenaires au Royaume-Uni et au Japon. Cette question doit être traitée au niveau régional.
Property
Les résultats de Bloomage reflètent la croissance de son portefeuille immobilier. L’entreprise n’a pas directement été touchée par le COVID-19 mais a accordé des reports de loyer ou des rabais. Les activités hôtelières et immobilières de BlueLife ont ralenti au cours du dernier trimestre 2019-20 en raison du manque de visiteurs à Maurice.
Au 1T2021, BlueLife a connu un ralentissement de ses ventes et de développement des villas de luxe causé par l’absence de clients potentiels avec nos frontières toujours fermées. L’entreprise reformule sa stratégie et ses besoins de financement pour s’adapter au nouvel environnement. Bloomage, pour sa part, enregistre de meilleurs bénéfices par rapport à l’an dernier.
Agro & Energy
En 2019-20, le pôle Sucre d’Alteo a enregistré de meilleurs résultats que l’an dernier avec un prix du sucre légèrement plus élevé à Maurice et en Tanzanie et des coûts réduits à Maurice. La baisse des tarifs et des prélèvements pour le pôle Énergie a eu un impact négatif sur la rentabilité et les ventes de biens immobiliers et les activités hôtelières au sein d’Alteo ont été directement touchées par le COVID-19. Les résultats de l’exercice 2019-20 montrent une nette amélioration par rapport à l’année dernière qui avait vu des pertes de valeur significatives dans les pôles Sucre et Énergie.
Les paramètres précités ont permis au pôle Sucre d’Alteo de connaître une croissance au premier trimestre 2020-21 par rapport à l’an dernier. Alteo a enregistré de meilleurs résultats de son pôle Énergie et des revenus plus élevés grâce aux ventes de terrains d’Anahita.