Budget 2020/21 - La MCCI émet des réserves sur la politique fiscale 9

9 juin 2020, siège de la Chambre de Commerce et d’industrie, Port Louis : Les membres de la Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI) se disent surpris suite à l’annonce de certaines mesures fiscales annoncées dans le Budget 2020/21. La politique fiscale du pays a, en effet, été réformée poussant ces entrepreneurs à de nombreuses interrogations, étant donné qu’ils font déjà face au contexte difficile post-Covid-19.

En effet, d’après la MCCI, Maurice prône depuis de longues années une fiscalité accepté par tous, avec un taux favorable, uniforme et simple. Bon nombre d’entrepreneurs ont ainsi fait des plans d’investissement sur cette base. Or, le changement drastique et soudain de la situation, annoncé pendant la présentation du budget, donne aujourd’hui un mauvais signal. Le budget annonce, entre autres, deux nouvelles mesures contradictoires:
L’impôt sur le revenu à 40%, auquel s’ajoute les 3% de prélèvement pour les charges sociales, soit plus du double du taux actuel, est nettement au-dessus des taux pratiqués ailleurs et fait de Maurice ‘un high tax jurisdiction’. Pour les professionnels indépendants, l’impôt sur le revenu sera de 49%, alors que le pays essaye d’attirer des talents et la diaspora avec des incitations. Cette mesure risque de provoquer une fuite des cerveaux ! Cette nouvelle politique fiscale crée ainsi une discrimination entre Mauriciens et expatriés, auxquels l’imposition est moindre, souligne la Chambre.

De plus, l’imposition d’un « levy » sur le chiffre d’affaires, mesure inédite, vient considérablement alourdir les charges des entreprises ciblées, et donc considérablement affectés leurs capacités à rebondir dans la conjoncture post covid.

Maurice travaille sans relâche, et ce depuis des nombreuses années sur la facilité des affaires et les coûts des activités commerciales, ajoute-t-il. « Ces deux indices, le « Ease et le Costs of doing business » sont suivis de près par les investisseurs. Cependant, l’instauration de ces taxes, n’est pas rationnelle dans cette période post-COVID. Celles-ci affecteront les activités économiques et commerciales. Nous notons, par ailleurs, un coût supplémentaire de charges sociales. Ces mesures remettent en question l’élément de prédictibilité et de visibilité nécessaire aux opérateurs économiques ; deux éléments qui ont séduits de nombreux investisseurs et fait de sa fiscalité la force de Maurice », fait ressortir l’institution.
La MCCI reconnait néanmoins les bonnes mesures du budget, notamment la sécurité alimentaire, la politique de réindustrialisation et soutien aux PME, la promotion du Made in Mauritius et l’ouverture vers l’Afrique, soit « les différents moteurs de la relance économique du pays » ainsi que les mesures d’accompagnement aux plus vulnérables.
La MCCI réitère son souhait pour la mise en place d’un système d’observation, de suivi et d’implémentation des mesures pour le relancer l’économie à l’exemple d’un Public Private Monitoring Team. Elle suggère une révision des mesures fiscales contraignantes afin de faciliter la relance de l’économie.