DAVOS, Suisse, 21 janvier 2019 – Après un optimisme record des dirigeants en 2018, l’année 2019 est marquée par le retour d’un fort pessimisme au sujet de la hausse de la croissance mondiale et des perspectives de croissance pour leur entreprise. Pour sa 22e édition, l’étude « Annual Global CEO Survey » a effectué un tour du monde des dirigeants d’entreprises afin de recueillir leurs perspectives sur la croissance. Cette année, plus de 1,300 dirigeants ont été interrogés dans 91 territoires. Incertitude, nouveaux talents et intelligence artificielle : analyse des principales conclusions.
Un regain de pessimisme
En 2019, 29 % des dirigeants anticipent un recul de la croissance économique mondiale, contre 5 % seulement en 2018. L’année dernière, ils étaient 57 % à prévoir une amélioration de la croissance (un record depuis 2012), ils ne sont plus que 42 %. Ce faible niveau de confiance, observé dans toutes les zones géographiques, est semblable à celui de 2013, alors que les contextes sont très différents : en 2013, l’économie faisait face à une crise de la dette publique, une envolée du chômage et une chute de la consommation, et la croissance n’avait pas passé la barre des 3 %, tandis que pour 2019 le FMI prévoit une progression du PIB mondial de 3,7 %.
« Ce pessimisme a aussi atteint l’Afrique. Plus de 25% des dirigeants d’entreprise prévoient un déclin du taux de croissance, contre 10% en 2018. A Maurice, l’indice de confiance des entreprises a également pris du recul après avoir atteint un pic en fin 2017 et, même si les perspectives restent positives, la confiance est en baisse. » affirme Anthony Leung Shing, Country Senior Partner de PwC Maurice.
Les stratégies de croissance externe, de collaboration ou d’alliance sont délaissées au profit d’un recentrage sur les acquis de l’entreprise et l’optimisation de son fonctionnement. On retrouve également cette logique dans les choix des marchés à conquérir pour croître. Si les États-Unis et la Chine remportent la majorité des suffrages, leur attractivité baisse fortement (51 % en cumulé, contre 79 % l’année dernière). A contrario, 8 % des dirigeants préfèrent se concentrer sur leurs marchés actuels (1 % en 2018) et 15 % ne savent pas sur quels nouveaux marchés miser (8 % en 2018).
“CEOs’ views of the global economy mirror the major economic outlooks, which are adjusting their forecasts downward in 2019,” a dit Bob Moritz, Global Chairman de PwC. “With the rise of trade tension and protectionism it stands to reason that confidence is waning.”
7 des 10 préoccupations majeures ont un lien avec les décisions gouvernementales Les inquiétudes des dirigeants portent sur l’excès de réglementation (menace numéro 1, comme en 2018), suivie de l’instabilité réglementaire et de la pénurie de talents.
7 des 10 préoccupations majeures ont un lien avec les décisions gouvernementales – réglementation, politique commerciale, géopolitique, populisme…), ce qui pousse les entreprises à consolider leurs positions plutôt que conquérir de nouveaux territoires. La pénurie des talents au coeur des préoccupations Si les freins à la croissance varient d’une zone géographique à l’autre, la pénurie des talents est partagée à travers le monde, et plus accentuée en Afrique et en Asie-Pacifique. En Amérique du Nord et en Asie-Pacifique, elle cohabite dans le top 5 des menaces, avec la rapidité de la transformation digitale.
« Le manque de talents freine l’activité économique, et Maurice n’est pas épargnée par ce problème, que ce soit pour les travailleurs manuels ou professionnels. C’est un vrai défi à relever, alors que le pays poursuit une stratégie de diversification industrielle et une montée en valeur ajoutée. » a ajouté Anthony Leung Shing.
Data et intelligence artificielle
L’étude de cette année a consacré un volet important au data et à l’intelligence artificielle (AI), deux éléments qui semblent présents sur le radar des dirigeants. Les questions initialement demandées en 2009 ont été revues et réitérées, afin de mieux comprendre leur point de vue face au défi de la data.
40 % des dirigeants sont convaincus que l’intelligence artificielle va transformer la manière de faire des affaires au cours des cinq prochaines années. 35 % comptent l’implémenter dans leur entreprise d’ici 3 ans, et 33 % l’ont déjà fait. Cependant, une large majorité des entreprises attendent un soutien des gouvernements dans la course à la maîtrise de la data : 76 % estiment que les États devraient développer une politique spécifique, et 2 sur 3 souhaiteraient être incitées à former leurs talents et à accélérer l’usage de l’intelligence artificielle en entreprise. Les principaux freins à l’essor de l’intelligence artificielle en entreprise sont un manque de connaissance de cette technologie, un défaut de formation des équipes et la résistance au changement.